Jean-Claude Latour est issu d’une famille de maçons. Destiné à reprendre l’affaire familiale, il développe par ailleurs très tôt une âme d’artiste. Bouillonnant d’une curiosité créatrice qui explose en peintures et dessins, il est pourtant inscrit par ses parents dans une filière technique où il apprend le métier de métallier.
Son désir de formes et de couleurs l’emporte sur le projet professionnel parental et il applique très vite ces techniques à sa recherche esthétique. Désireux de préparer parallèlement le concours d’entrée de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, il trouve auprès de l’artiste Jean-Charles Belliard un maître touche à tout et malicieux qui lui transmet un enseignement académique et technique des plus précieux.
Fort de ce bagage singulier, il intègre cette école prestigieuse où il fera des rencontres déterminantes, comme les comparses qui forment avec lui le groupe « Peinture fraîche » exposé en 1984 au Grand Palais à Paris. A un an du diplôme, alors qu’il a déjà commencé à intégrer les influences impressionnistes de Berth Morizot ou Jasper Jones dans ses peintures, il doit cependant abandonner son cursus, poussé par sa famille à seconder son père dans l’entreprise familiale.
C’est paradoxalement cet incident qui va façonner le profil artistique de Jean-Claude et sa démarche propre. « Avoir les choses sous la main donne à réfléchir autrement » dit-il. Depuis des années en recherche de nouvelles techniques et matières, il avait déjà comme métallier suivi les traces d’un Calder en produisant des mobiles à base d’aluminium et trouve dans le métier du bâtiment des textures, des outils qu’il va détourner sur son temps libre pour créer, composer, oser des mariages inédits où se rencontrent la brique, le métal, le béton et bientôt la matière organique…
A l’issu d’un repas, son regard gourmand et original s’arrête sur les alvéoles, les pleins et les creux de coquilles d’huîtres… Il y a là la légèreté, les volumes que Jean-Claude qui privilégie désormais une sculpture mosaïque à base de briques, de pierre et de métal cherche comme contrepoint à ces matières brutes et ancrées au sol.
Comme à son habitude, il expérimente dans l’atelier/laboratoire où le matériel de l’entreprise de maçonnerie qui porte désormais son nom, scie diamant, ponceuse, outil de coffrage, de soudure est si souvent détourné de son usage habituel…
Ses assemblages prennent de la hauteur, explosent en mille formes nouvelles par la magie de ce nouveau matériau, expérimentant à l’aide de nouvelles résines, de pigments, de peintures. Les coquilles sont collées, agglomérées, sciées, teintes pour toujours tirer parti de ces mystérieuses alvéoles en de nouvelles compositions impressionnistes ou abstraites où à nouveau l’artiste retrouve Jasper Jones et Calder. Boulimique, Jean-Claude créé des structures de toutes tailles, des cadres, des mosaïques, des meubles ; d’étranges formes qui semblent d’un autre monde mais portent toutes sa marque propre, sa singulière signature.
Vous êtes invités à ce voyage particulier où le coquillage semble faire flotter la pierre et le métal, laissez-vous emporter.